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Saint-Père-Sur-Loire - La Loire comme école de la vie avec les mariniers Brasse-bouillon


Samedi 24 juin, à l’occasion de la fête de la Saint Pierre, les mariniers de Saint-Père, les « Brasse-bouillon », ont mis à l’eau une plate de Loire, embarcation traditionnelle tout juste sortie de l’atelier de construction. Autour des mariniers beaucoup d’habitants de la commune et parmi eux les « Moussaillons Brasse Bouillon », élèves de l’école publique Victor Meunier de Saint-Père-sur-Loire. Car cette plate de Loire, comme précédemment le fûtreau « La belle Aventure », c’est aussi un peu « leur bébé » : elle a été construit dans l’enceinte même de l’école.


Un peu d’histoire : l’aventure commence en 2017. À l’époque un jeune retraité, Éric Orcin, propose de créer une section batellerie au sein de l’AMS (Association MultiSports de Saint-Père sur Loire). Éric Orcin n’est pas un spécialiste mais il a pris le temps d’apprendre certaines techniques en participant à la construction alors en cours d’un fûtreau destiné au musée de Châteauneuf. Il propose à l’école et à l’association de faire la même chose. Avec les clubs des mariniers des alentours et avec la coopération de tous, l’aventure commence. Pour des raisons de sécurité les élèves ne peuvent pas participer directement à la construction mais ils vont devenir les chroniqueurs et journaliste de ce projet au long cours. Car avec l’accord de la mairie le chantier du fûtreau est installé au sein même de l’école. Tous les matins les élèves pouvaient voir le bateau et à chaque fois que les mariniers faisaient quelque chose dessus, les enfants pouvaient prendre des photos. Si Éric Orcin a été le catalyseur de ce projet, un autre acteur en a été le premier soutien : Rémi Bedu, le directeur de l’école élémentaire. Car à l’école Victor Meunier le projet pédagogique mis en place par les enseignants, avec des classes en autogestion, est fortement ancré sur le territoire et ouvert à la coopération. Rémi Bedu nous explique comment fonctionne cette école qui plonge les élèves « dans la vie réelle ».



Rémi Bedu, enseignant et directeur de l’école publique Victor Meunier de Saint-Père-sur-Loire.

La Loire, son environnement et les différents acteurs qui vivent autour, c’est votre terrain de jeu ?

Je suis Giennois d’origine. Pour moi la Loire c’est une chance. Aujourd’hui tout se développe autour de la Loire et son environnement. L’idée c’est de former des générations à avoir un peu d’esprit critique, pour se rendre compte de ce qui est bien et de ce qu’il faut éviter. L’idée de rétablir et rénover la passerelle qui relie Saint-Père à Sully n’a pas été forcément facile à faire passer… Certains étaient critique sur ce projet que voulait la mairie. Moi je voyais tous les jours des jeunes collégiens à vélo risquer leur vie sur le pont routier. Alors je suis content qu’il y ait cette solution pour eux, solution qui amène aussi du tourisme… et parfois des déchets. En menant des actions de nettoyage avec les enfants sur les bords de Loire on s’est aussi aperçu des nuisances… Pour faire passer le message du respect de la nature les enfants sont plutôt bien placés, car il relie ce message dans leur famille, chez leurs voisins. Çe genre de situation permet aux enfants d’apprendre la complexité d’une collectivité humaine avec des individus et des envies différentes, et il faut arriver à vivre ensemble. Par exemple quand on prend les canoës, il faut faire avec les pêcheurs, et donc gérer des envies et des besoins différents. L’idée c’est de montrer que c’est possible.


Vous faites beaucoup de classes vertes sur les bords de Loire. Ça se passe comment ?

On travaille à l’école sur le thème de la Loire depuis très longtemps. Toutes les classes de découverte que l’on fait en autogestion prévoient un retour du lieu visité en empruntant les bords de Loire, parce que c’est très riche et on a cette chance là. Malheureusement les enfants, même ceux de Saint-Père, ne connaissent pas toutes les richesses de la Loire. Autre aspect, les classes de découvertes, ça fait peur à certains parents ! Ils ont l’impression que leur enfant pourrait être en danger. La Loire, ça fait peur ! J’ai déjà entendu : « Faire du canoë, mais vous êtes fous ? » Alors on leur propose de venir nous accompagner. La première année les parents prennent une journée de congés pour venir voir ce qui se passe. Ils font une découverte et l’année suivante ils s’engagent et viennent aider. Ils me disent alors : « on avait peur, on ne se rendait pas compte de ce que c’était. » Pour nous la Loire, c’est le sujet fédérateur. Le choix de faire des classes en autogestion date d’un choix pédagogique de l’école fait il y a longtemps. On a choisi avec l’équipe d’être une école coopérative. Ça veut dire qu’on apprend la vie dans le réel, qu’on sort, et qu’on montre bien que tout ce que l’on apprend à l’école a du sens parce que ça sert en vrai. Organiser une classe en autogestion ça veut dire que les enfants téléphonent pour prendre rendez-vous, qu’ils cherchent sur les cartes les itinéraires où on peut passer, qu’ils écrivent aux gens pour les remercier, qu’ils remplissent les chèques et tiennent les comptes… Très vite, au premier chèque de 20.000 euros au lieu de 200, les élèves constatent d’eux-même qu’apprendre les maths c’est important et que ça a du sens, parce que c’est une belle erreur avec des zéros en trop et on perçoit sa responsabilité. Quand on sait pourquoi on travaille à l’école, on vit mieux et plus, on s’investit en conscience.


Avec, en 2017, le début de la construction du fûtreau, un bâteau de Loire traditionnel, c’est une nouvelle aventure pédagogique qui a commencé.

Les mariniers de Saint-Père, les « Brasse-bouillons », ont proposé à l’école ce projet un peu fou. Les membres de l’association n’y connaissent pas grand chose mais avec les clubs des mariniers des alentours et avec la coopération de tous, l’aventure commence. À l’école les élèves vont devenir les chroniqueurs et journaliste de cette aventure. Pour des raisons de sécurité les élèves ne peuvent pas participer directement à la construction, alors les élèves vont devenir les chroniqueurs et journaliste de cette aventure. Car, avec l’accord de la mairie, le chantier du fûtreau est installé au sein même de l’école. Tous les matins les élèves pouvaient voir le bateau et à chaque fois que les mariniers faisaient quelque chose dessus, les enfants pouvaient prendre des photos. Cette merveille du fûtreau représente énormément de choses. Au début on n ‘y connaissait rien. Par exemple l’association avait acheté des planches qui avaient trop de noeuds, et on nous a dit de recommencer…. La construction a donc duré 4 ans. Ce qui veut dire que 4 générations d’enfants ont participé à l’aventure. Quand on l’a mis à l’eau, des collégiens sont venus pour voir la fin de l’histoire, et au final ça représente beaucoup de monde concerné par ce projet. En étant journaliste les élèves transmettaient les informations sur la construction, à commencer au sein de leur famille, ce qui a amplifier l’impact. Tout le monde se sent acteur, et se sent un peu possesseur du bateau. À la fin de la construction du fûtreau il y avait de l’émotion, des pleurs, des deux côtés, chez les anciens comme les élèves. Les enfants sont sensibles à ça car ils constatent qu’ils sont importants aux yeux des autres. Une certaine empathie s’est développée entre tous les acteurs. Je ne suis pas sûr qu’on prenne soin dans nos sociétés des anciens comme on peut le voir ici. Le projet a permis ça car tout le monde se côtoie. Les retraités ont fait partie du quotidien des enfants.


C’est toute l’originalité de ce projet qui rassemble les générations.

Les Brasses-bouillons, on les voit régulièrement, on vit avec eux au quotidien. ça crée des liens forts. La plate que l’on vient de mettre à l’eau c’est une oeuvre de précision. Les CM2 qui suivaient le chantier aux côtés des anciens me disaient : « mais comment c’est possible d’être aussi fin et précis ? ». Je leur répondais qu’à l’école on apprend à tracer des traits avec la géométrie. Ça donne du sens dans le rapport aux savoirs et au réalisations concrètes. C’est un avis personnel mais je constate que dans notre société ou le respect de l’école, de la culture, du savoir, diminue, l’école est vraiment le dernier lieu où on mélange les gens. Et l’école le paie parfois, car c’est souvent le lieu où les gens viennent râler car c’est le dernier lieu accessible, où on peut se défouler de tout ce qui nous tombe dessus de la part de la société. Le rôle de l’école est donc de refédérer, de reconstruire, mais positivement. C’est pas forcément facile, à part dans ce genre de projet où on construit. Les gens peuvent voir la difficulté. Quand on fait ensemble, on peine ensemble, et on vit ensemble… plus facilement.


Bref, à Saint-Père-sur-Loire, vous développez une sorte de… « fûtreausophie » ?

« Fûtreausophie » c’est un néologisme mais pour les enfants ça veut dire beaucoup de choses : l’humilité, le partage, la coopération, etc… Ce sont des mots qui ont un sens au quotidien. C’est une manière d’aborder la philosophie pour donner du sens à des enfants de 10 ans, qui sont capables de réfléchir mais qui n’ont pas forcément accès à une philosophie de culture d’adultes. Avec la mise à l’eau du fûtreau qui a donné le sens de la collectivité, du partage, de l’effort, et de l’intergénérationnel, les enfants ont matière à philosopher. Nous avions le chantier dans l’école et on l’a vraiment vécu. Depuis ce temps la on essaie d’en extraire toutes les valeurs positives importantes, c’est donc de la philo pour moi, mais en vrai !

 

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