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Rémy julienne, "ressuscité" par ses enfants


La terrible nouvelle est tombée le matin du 21 janvier dernier. Rémy Julienne, le célèbre cascadeur français, venait de disparaître des suites du Covid-19. Il avait 90 ans. Celui qui a participé à plusieurs James Bond a laissé derrière lui un impressionnant héritage cinématographique, totalisant 1.400 films. Et trois enfants. Tout Près Tout Proche est allé à leur rencontre. Au fin fond du berceau familial. À Cepoy. Là où tout a commencé. Reportage.


Premiers échanges. Premiers rires. « On s’appelait pour se raconter nos dernières conneries, les chutes à vélo, car j’ai appris à en faire, depuis seulement cinq ans… », glisse Diane, la plus jeune de la famille Julienne. Et premières larmes. « Ne plus entendre sa voix, ça c’est dur… », dit la jeune femme. Dominique, le regard porté sur une photo de famille au cœur de cette immense pièce faisant office de salle de séjour, en est sûr. « Je pense que l’on ne se rend encore pas bien compte. On ne sait pas vraiment comment ça se passe… », cède l’homme de 61 ans. Michel, l’aîné, 64 ans, lui, est réaliste. « On se dit qu’on ne le reverra plus… ».

Michel : « Il m’a envoyé doubler un comédien sur un tournage »

« Papa, je l’ai vu, un petit peu, jusqu’à mes 7 ans. Puis, je ne l’ai quasiment plus revu avant mes 13 ans », raconte Michel. Et d’ajouter : « J’allais sur des tournages, en été. Je vivais davantage avec les garçons de l’équipe (de Rémy Julienne) qu’avec lui et maman. À 16 ans, il y a eu la compétition moto, chose qui m’empêchait, à 16-17 ans, de partir sur les tournages… ». Un événement marquera l’entrée professionnelle de Michel Julienne. « J’avais à peine 18 ans. Papa s’est cassé le pied sur un tournage… Il m’envoie pour doubler un comédien sur une moto. Cette opportunité tombait pendant les vacances de la Toussaint. Il a fallu que je poursuive ma mission dans ce film. Du coup, je suis retourné à l’école pour… chercher mes affaires et rentrer définitivement dans la vie active ». Et de relativiser : « Je me suis dis que, peut-être, j’allais voir un peu plus mon père. Je n’ai pas regretté. J’ai commencé à bosser et à me faire engueuler pour autre chose que des mauvaises notes !


C’était une période, fin 1974, où il y avait beaucoup de boulot. Ce n’est peut-être pas ce que j’ai fait de mieux d’arrêter mes études, mais il a fallu 25 ans derrière pour que je m’aperçoive que je manquais un peu d’études, quand même ». Michel Julienne devait composer avec un père… héros. « Je le mettais sur un piédestal. Tout le monde le voyait comme un superman. Cascadeur, ce n’est pas un métier courant. C’est tellement mal connu que l’on s’imagine mal ce que c’est... ». La famille Julienne savait le sens du danger. Mais le mot fut presque tabou. « Il y a eu des discussions au sein de la famille. On était là pour l’entendre et… comprendre. Il nous expliquait le pourquoi du comment concernant les cascades auxquelles il prenait part. Il nous a permis de voir tout. Il fallait s’inquiéter. De tout. La peur nous pousse à faire attention, à trouver les solutions ». L’ainé de la famille Julienne ne le cache pas. « Parfois, certains réalisateurs ont pu demander des choses, car pour eux, c’était ça. Mais quand, physiquement, ce n’était plus possible, il fallait trouver autre chose… ». Aujourd’hui, Michel Julienne profite de sa retraite du côté de l’Essonne.

Dominique : « Je le voyais plus comme un pote qu’un père »

« Petit, je me suis essayé au football, à Cepoy. Je ne me rappelle pas avoir marqué un but. Mais j’étais tellement mauvais… C’était impressionnant ! », ironise Dominique Julienne. Fin de carrière footballistique. C’est sur un vélo que le môme trouve son plaisir. « J’ai commencé avec des petites motos, quand j’avais 5-6 ans. Il y avait les motos de la grande vadrouille, les 175 Peugeot ». Et les premiers souvenirs qui resurgissent. « Les premières images qui me reviennent à l’esprit ce sont les films avec Jean Lefebvre. Je voyais les bagnoles arriver dans l’atelier… Une voiture, je ne savais pas ce que c’était… », raconte Dominique Julienne. Le jeune homme finira par « voir comment ça se coupait, ça se tronçonnait dans tous les sens, ça se soudait et ça rajoutait des bouts. J’ai eu, ensuite, le plaisir de venir sur les tournages et de voir comment ça marchait. L’envie est partie de là… ». Dominique se souvient d’un père qu’il voyait « comme un pote, quelqu’un qui bossait à l’atelier. On n’avait pas trop de relation paternelle. Pas le temps d’en avoir, puisque, lui, il est toujours parti à droite à gauche, tellement qu’il était dans le besoin de prendre soin des gars qui bossaient pour lui. Il était ultra disponible pour tout le monde, nous et son équipe. On partageait tout ça avec tout le monde… ».

Michel et Dominique en compagnie de leur père et grand père.


Rémy Julienne voyageait souvent. « Je me suis fait virer de l’école. Il a fallu que je travaille, à 17 ans, sur un tournage qui devait durer trois semaines. Et qui, finalement, a duré… trois mois. Puis, il me dit : « maintenant, tu vas retourner à l’école ». Et j’y suis retourné. Mais ça n’a duré que quinze jours avant de me faire virer, définitivement… », narre Dominique Julienne. L’homme aux 1.400 films avait soif d’efforts. « Les 35 heures, on les a fait en deux jours. Et on était content de les faire. Pour Rémy et nous, c’était un loisir rémunéré… On s’amusait bien ». 22 ans, c’est le temps que Dominique a pu travailler aux côté de son père. « J’ai rencontré tout un tas de monstres de réalisateurs, de la manipulation, de la caméra, etc... ». De la modestie, voilà l’autre qualité des Julienne. « Les gens ont l’impression que Rémy Julienne est imbattable… Il y a une relève et des équipes qui travaillent très bien. Là où ça pose problème, c’est au niveau de l’imagination. Mon père était le meilleur du monde parce que c’était le premier du monde, le précurseur… Il avait une équipe. Mon père avait les bonnes idées mais il n’était pas soudeur ni mathématicien. Il ne savait pas tout faire… », relève Dominique. Celui-ci continue sa passion : « J’écris un spectacles et mes séquences de cascades. Après, je bosse en freelance… », conclut celui qui habite à Amilly.

Diane : « Mon père m’a transmis la passion pour la photo »

« J’ai vécu des tournages quand j’étais petite, jusqu’à mes 6-7 ans. Je me souviens que je me cachais à droite à gauche dans les voitures. Ma maman, excentrique, on va dire, aimait, elle aussi, le goût du risque. Mais mon père scrutait, vérifiait, veillait toujours sur la sécurité. Je n’avais pas le droit de faire certaines choses. J’ai eu le malheur de demander, quand j’étais ado, durant le film Taxi, à rentrer en moto avec un gars de l’équipe. Je m’étais fait arracher la tête… », raconte Diane Julienne. Rémy Julienne ne badinait pas avec la sécurité. « Maintenant, avec le recul, je comprends. On a été toujours protégé… ». Diane, la plus jeune des Julienne, 36 ans aujourd’hui, rebondit. « Quand j’étais petite, On se barrait tous les deux en vadrouille. Ce n’était pas quelqu’un de bavard. Je n’ai jamais pris d’engueulade. On a visité des coins magnifiques. Il avait toujours son appareil photo… ». Rémy aura transmis un virus à Diane. « J’ai hérité de lui le côté visuel, la passion pour l’image. Il me montrait comment prendre des photos. J’ai appris tout ça avec lui… ». Diane habite en Alsace. « J’ai choisi l’Alsace pour les beaux yeux d’un alsacien. Mon père aimait beaucoup cette région… ». Comme son papa, la jeune femme a un faible pour les animaux. « Mon père avait une chatte (Babouy) qui a été mise en gardiennage. J’en ai quatre… ». La communication, la vidéo, la photo, voilà l’autre passion de Diane, salariée pour une entreprise alsacienne. « L’avenir ? Mon père a laissé un patrimoine en termes de photos, vidéos, etc…Nous travaillons là-dessus… ». L’ombre de Rémy Julienne est décidément…immortelle…

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