top of page

LES ANNONCEURS DU CONNECTÉ SOUTIENNENT L'INFORMATION LOCALE !

Pub WEB Connecté Sport_v2.jpg

Football : voyage dans l'histoire avec Jean-Baptiste Bordas, ancien coach de l'USM Montargis


Ceux qui connaissent l’histoire de l’USM Montargis le savent. « Baptiste a marqué notre carrière… », témoigne Bruno Habert, l’ancien gardien de but montargois (1976-1980). Comme lui, ils sont nombreux à se souvenir de l’ancien joueur professionnel de l’AS Saint-Étienne… Jean-Baptiste Bordas fut coach de l’USM Montargis l’espace de huit années (1977 – 1985). Tout Près Tout Proche est allé à sa rencontre, à Orléans. Où il partage sa vie avec Jeannine, son épouse. « Depuis…1957 », précise-t-elle. L’homme de 83 ans replonge inlassablement dans les coulisses de son histoire. Extrait.


Une porte qui s’ouvre dans ce charmant appartement situé à quelques encablures du centre-ville d’Orléans… Une voix qui résonne. « Entrez, je suis en train de regarder un match de Liga (championnat d’Espagne)… ». Jeannine se montre taquine. « Vous êtes là pour le jeune homme ? », sourit-elle. À peine arrivé, le ton est déjà donné. Il s’agit, là, d’un couple qui s’est croisé un soir de… 1957. Plus de six décennies se sont, depuis, écoulées… « On se supporte toujours… », glisse Jean-Baptiste Bordas. Le regard de Jeannine est instantanément expressif. « Avec une amie, on est allée boire un verre. Un soir, on allait danser dans un bar, à Saint-Étienne où je tenais un magasin de fleurs. Jean-Baptiste s’y trouvait avec un copain. Je leur ai dit : vous buvez du champagne et n’osez même pas à nous en proposer… Du coup, le copain de Jean-Baptiste me dit : venez à notre table. De toute façon, ce n’est pas moi qui paie, c’est Bordas…», raconte la femme de 86 ans. Et de tonner : « Bordas me fait danser. Il m’écrase le pied… Je le revois le lendemain. C’est le départ de toute une histoire…».

« Saint-Étienne est venue me chercher à Orléans »

Du côté du club de l’Arago d’Orléans, une pépite va bientôt faire parler d’elle. Nous sommes en 1956. « Je jouais en juniors. J’avais 17 ans. Saint-Étienne est venue me chercher. J’avais d’autres sollicitations, mais j’ai choisi d’aller à Sainté… ». Jean-Baptiste Bordas fut, alors, ouvrier à l’usine Ambert, à Orléans. Une nouvelle vie tape désormais à la porte du jeune homme. « J’ai signé à Saint-Etienne pour rejoindre le centre de formation. Quelques jours plus tard, je suis allé jouer un match avec les stagiaires du club. J’ai été bon. On m’a fait évoluer au poste de distributeur, meneur de jeu ». Le môme séduit, progresse. « Mes parents aimaient le football. Ils étaient super heureux. Ils venaient me voir à Geoffroy Guichard (stade de l’AS Saint-Etienne) ». Jean-Baptiste Bordas, passé par le championnat de CFA, finit par atteindre son rêve : atterrir en équipe professionnelle, en Division 1 (Ligue 1). « J’ai eu du temps de jeu. J’ai assuré. Je commençais à côtoyer des joueurs cadors, comme Ferrier, Herbin, Tylinski, Nyers, N’Jo Léa, Goujon, Makhloufi, Domingo, etc… Moi, j’ai continué ma progression. J’alternais, à cette époque-là, entre l’équipe première (Division 1) et la réserve (CFA). Puis, j’ai eu la chance d’être sélectionné en équipe de France olympique (1960). C’était un tremplin pour arriver au-dessus…». Et d’appuyer : « À Saint-Etienne, il est passé d’un salaire mensuel de 70.000 francs à 250.000 francs. Sans les primes de matches… », note Jeannine. Le sourire au visage.

« Tout gamin, j’ai joué face à Glasgow Rangers… »

Jean-Baptiste Bordas s’émeut lorsqu’il évoque un événement : le match contre Glasgow Rangers (Ecosse), en 16e de finale de Coupe des champions d’Europe. Ce fut le 4 septembre 1957, devant…80.000 spectateurs, à Ibrox Park de Glasgow. Jean Snella, l’entraîneur stéphanois d’alors l’avait titularisé au poste de milieu de terrain aux côtés de Richard Tylinski, le capitaine. « J’avais 18 ans. Pour un gamin, c’était juste incroyable… », se souvient-t-il. L’AS Saint-Étienne chutait face aux Ecossais, 3-1. Rachid Makhloufi inscrivait l’unique but des Verts. La saison 1960-1961 marquera la carrière du natif d’Orléans. 26 matches disputés et 3 buts inscrits en Division 1. « J’ai ensuite décidé de changer d’air. Je suis allé au Havre, en D2… ». Bilan d’une saison en Normandie : 28 matches, 4 buts marqués. « J’ai vécu une belle saison au Havre, club qui ne pouvait pas me garder faute de moyens… », dit-il. Retour à l’AS Saint-Étienne. Un retour qui aura, cette fois-ci, été peu étincelant au bout de deux saisons (1964 – 1966). « J’ai été soumis au service militaire… Je n’ai pas eu suffisamment de temps de jeu à Sainté ». Bordas prend la direction du Sud de la France, où il rejoint l’AS Béziers, en D2. « J’y suis resté deux saisons, avec beaucoup de bons souvenirs… », cède Bordas. Ce dernier décide de rentrer à Orléans. Où il retrouve le club de l’Arago, en 1969. « J’avais 30 ans. J’étais jeune. Pourtant, j’aurais pu jouer au-dessus. Je ne regrette rien de ma carrière. Je me suis fait plaisir à jouer au foot. Oui, j’aurais voulu être international. Comme tout le monde. Mais bon, ma passion était de jouer mieux. Je ne cherchais pas la gloire. On a été élevé pendant la guerre. Les conditions étaient différentes ».

Atterrissage sur le banc de Montargis en 1977

« Le contact s’est fait de manière spontanée. Montargis voulait m’avoir sur le banc. J’ai vite trouvé un accord avec le président (ndlr : Alain Bourdeau)… », raconte-t-il. L’USMM évolue, à ce moment-là, en promotion de ligue (PL). « À Montargis, j’ai trouvé des individualités, des joueurs qui avaient de la technique. Il fallait les faire progresser sur le plan physique. Je voulais avoir des gars avec une bonne condition physique… C’était super important. J’appuyais mes séances avec des exercices soutenus… ». Résultat : le club montargois va connaître une splendide ascension. « On a grimpé de la PL jusqu’en Division 4 nationale… », raconte Jean-Baptiste Bordas. « Je garde un très bon souvenir de l’USMM. C’est un club chaleureux. Les dirigeants m’ont fait confiance. J’avais carte blanche. Je n’ai pas connu de moments difficiles dans ce club. J’ai coaché des joueurs pétris de qualités. Je pense à Lulu (Lucien Bonnard), Serge Presles, Max Caso, Manu Aguirre, Hemon, Frisch pour ne citer qu’eux… ». L’USM Montargis, sous l’ère Bordas, atteignit le 6e tour de Coupe de France, en 1979 (défaite 2-0 à Fontainebleau). « On avait la possibilité de gagner ce match-là. Pourtant, j’avais des joueurs de valeur. Ils étaient prêts. Je n’ai jamais compris la raison de cette défaite, même si Fontainebleau était un redoutable adversaire sur le plan hiérarchique… ». L’ancien coach montargois en est convaincu. « En championnat (D4), l’USMM ne pouvait pas aller au-dessus. On avait atteint nos limites. Mais c’était déjà quelque chose de voir le club à ce niveau-là. Le public avait pris plaisir. Nous, aussi… ».



L'équipe de l'USM Montargis lors de la saison 1980-1981 Debout de gauche à droite : M. Caso - B. Habert - R. Frisch - M. Aguirre - L. Bonnard - A. Madani - JJ Hemon. Accroupis, de gauche à droite : G. Robert - G. Frisch - R. Lardy - Y. Rosello - S. Presles - G. Rosello.

La disparition de son fils, raison de son départ de Montargis

L’aventure gâtinaise se termine en 1985. « J’ai quitté Montargis lorsque j’ai perdu mon fils (il avait 23 ans). J’étais mal. Je ne voulais plus entraîner… », explique-t-il. Jeannine, elle, se souvient d’une situation « extrêmement compliquée » dans la carrière de son mari. « Il n’avait plus envie d’aller au foot. C’était dur pour lui, pour moi et toute la famille. Perdre un enfant est une chose terrible. Le ciel nous est tombé sur la tête… C’était épouvantable », murmure Jeannine Bordas. Jean-Baptiste, lui, décide de reprendre du service en 1988, sous le banc de l’US Orléans, club évoluant en D2. Les Orléanais battaient le PSG en 8e de finale de Coupe de France. Avant de chuter, en quart, aux dépens de Monaco. Jean-Baptiste Bordas arrêtait définitivement sa carrière d’entraîneur en 1994 (US Orléans). « En tant que joueur (Arago Orléans), j’ai arrêté en 1975… ». Il avait 37 ans.

Quand Raymond Kopa s’entraîne avec Montargis

Les faits se déroulent un jeudi soir, à l’aube des années 80. Raymond Kopa, l’ancien attaquant du Réal Madrid, premier joueur français à recevoir le Ballon d’Or (1958), était vu sur la pelouse du stade de Montargis. « Raymond, c’était un copain. J’avais joué avec Saint-Étienne contre lui (Reims). Je l’embêtais sur le terrain. À sa retraite sportive, un jour, il était de passage à Montargis pour une raison professionnelle. Il a su que j’étais là. Il n’est pas venu par hasard… », raconte Jean-Baptiste Bordas. Et de poursuivre : « Quand je suis arrivé, un soir, aux entraînements, au stade de Montargis (Maurice-Béraud), en faisant le tour des vestiaires, je voyais dans un bureau Raymond Kopa en train de s’habiller. Je lui ai demandé ce qu’il faisait là. Il m’a répondu qu’il est venu s’entraîner si j’étais d’accord ». L’ancien international français s’est entraîné avec l’effectif montargois… sous la direction de Jean-Baptiste Bordas. « Mes joueurs étaient impressionnés, heureux, bien évidemment. C’était plus facile, à l’époque », concède Bordas. Et de conclure. « Voyez-vous, c’est ce type de joueurs qui manquent de nos jours. Des joueurs de classe. Sans chichi. Aujourd’hui, je regarde le football mais sans pour autant prendre énormément de plaisir. Mais bon, je regarde, tout de même. Parce que je suis un amoureux de football… ». Une histoire qui dure depuis plus de soixante-dix ans.


BORDAS VU PAR SES TROIS ANCIENS JOUEURS À L’USM…


Lucien Bonnard (ex-milieu et capitaine - 72 ans)

« Lorsque j’ai appris, en 1977, que Bordas venait nous entraîner, j’ai fait un bond de quatre mètres. Une joie immense. J’ai d’abord joué contre lui. Puis, le voir sur le banc était une chose formidable. Il nous a apporté des montées en peu de temps. Un mec cool. Je ne me souviens pas de l’avoir entendu crier. La venue de Kopa à Montargis ? C’était énorme. Il a fait toute une séance avec nous. Il m’a même laissé son maillot d’entraînement… ».


Serge Presles (ex-latéral droit – 69 ans)

« J’ai eu la chance d’être coaché par Jean-Baptiste Bordas. Il était compétent, gentil, sociable. Sur le terrain, c’était quelqu’un d’exigeant dans son métier. Il avait un bon bagage, des connaissances footballistiques, une très bonne carte de visite. Personnellement, il m’a fait évoluer. Je jouais en défense. C’était le seul entraîneur qui me laissait monter, chose qui me permettait, parfois, de marquer… ».


Bruno Habert (ex-gardien de but – 61 ans)

« Bordas est mon meilleur entraîneur de tous les temps. J’ai intégré l’équipe 1 à l’âge de 18 ans. Il m’avait formé. C’était un compétiteur hors normes. Il a su emmener son savoir-faire au sein du groupe. Ses entraînements étaient très ludiques, motivants…Un sacré coach ! ».

PUBLICITÉ

Capture d’écran 2023-09-08 à 09.05.01.jpg
Capture d’écran 2023-09-09 à 10.53.07.jpg
Capture d’écran 2023-09-08 à 09.08.46.jpg
bottom of page