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Football - Laurent Faudry, une vie en rose... pleine d'épines


Derrière ce visage se cache un homme blessé. « Je suis passé à autre chose… Mais je n’oublie pas », dit-il. Laurent Faudry ne le cache pas. « Oui, on m’a barré la route qui aurait pu me conduire à aller plus haut dans le football. C’est dommage ». L’histoire de l’ancien stoppeur des J3 Amilly et de l’USM Montargis livre quelques secrets. Sa carrière professionnelle s’est brutalement arrêtée à l’aube de sa jeunesse. « Je me souviens de tout. J’avais 19 ans…Comme si c’était hier », esquisse-t-il. Les yeux pleins de chagrin. Mais Laurent Faudry ne voulait guère finir sur un échec. « J’ai tracé mon chemin… », sourit-il. Et d’enchaîner : « J’ai vécu des moments inoubliables, magiques, extraordinaires dans le monde amateur… La vraie vie, pour moi ». Une vie que l’on vous raconte dans cette édition. Du début jusqu’à la fin. Laurent Faudry, une vie en rose… pleine d’épines. Portrait.

Ce 9 août 1986 est un jour pas comme les autres. « J’avais 13 ans. C’était l’anniversaire de mon frère. Mes parents m’ont emmené à Toulouse pour un essai. Inoubliable… », raconte Laurent Faudry. Inoubliable, parce que le môme ne s’attend à rien. Ou presque. « Je savais que des clubs me voulaient. Ce n’était pas pour rien. Mais dans ma tête, il ne se passait rien. Aucune illusion. Je voulais juste jouer au foot. Faire ce que j’aimais… Rien d’autre… ». Mais les choses ne se passèrent guère de la sorte.

« J’ai vu ma mère pleurer… »

Le môme, 13 ans et demi, se retrouve brusquement sous le feu des projecteurs. « Il y avait Monaco, Auxerre, Nantes ou encore Tours qui étaient en contact avec mon père… ». Douze clubs de D1 et cinq de D2 lorgnaient sur celui qui se fait repérer en sélection minimes 37 de la région Centre. Verdict : ce sera finalement le Toulouse Football Club (TFC) qui s’offre le jeune joueur de l’US Joué-lès-Tours. Un homme pèsera dans le choix de la famille Faudry : Serge Delmas, recruteur au sein du centre de formation du club toulousain. « Il était venu à Joué-lès-Tours pour rencontrer mes parents. Il a insisté pour m’avoir. Sa visite était une marque de confiance, un intérêt réel. J’ai accepté en concertation avec mes parents… ». L’amorce d’une nouvelle vie. Face à une mère « complètement effondrée. Elle savait que j’allais partir, quitter la maison… Un traumatisme. Elle avait du mal à accepter, même si elle était remplie de joie pour moi. Mon frère partait, cet été là, à l’armée. Cela n’a pas arrangé les choses. Je revois, aujourd’hui, la tristesse de ma mère. Je l’ai vue pleurer… », décrit Laurent Faudry, les yeux débordant d’émotions.

« J’ai découvert un autre monde… »

À Toulouse, Laurent Faudry découvre « un autre monde », cède-t-il. « On était 24 joueurs au centre de formation. Chaque chambre était occupée par deux joueurs. On s’entraînait trois fois par jour. Il fallait répondre à un rythme strict. Plus de bonbons, plus de chocolat… ». Le jeune Faudry évoluait en milieu défensif (6). La concurrence ne manquait pas. « Pas le droit à l’erreur. Plus aucune place au sentiment. Il fallait travailler, prouver et éviter les bobos… ». Et un manque parental terrible. « Ce n’était pas la caserne…Mais tu dois t’intégrer dans un monde particulier. Tu dois rentrer dans la bulle. Tu acceptes, c’est tant mieux…Tu craques, c’est foutu. Mes parents ? Ils me manquaient beaucoup, même si je venais souvent les voir, la première année. Je pensais souvent à eux. Mais j’étais hyper concentré sur mon élément. Parce que je voulais sincèrement me faire plaisir. Faire plaisir à mes parents… Leur redonner ce qu’ils m’ont donné », glisse-t-il. S’ensuivra un silence… parlant.

Barthez, Candela, Baup, Zwunka, Courbis, Dhorasoo, Frapolli…

Deux joueurs par chambre. Laurent Faudry hérite d’un coéquipier, un peu plus âgé que lui. « On m’a mis avec Fabien Barthez… ». Premiers mots. Premières connaissances. Et premières chamailleries. « La première année, j’ai partagé la chambre avec lui. J’étais en cadet. Lui, au-dessus. Fabien (Barthez) m’a aidé dans mon intégration. Il était de bons conseils. Franchement, on a passé de bons moments. On a rigolé. Il était lui-même. Naturel. Un mec cool, quoi ! », glisse Laurent Faudry. Et d’ajouter : « Barthez a eu une chance. Il l’a bien saisie. L’opportunité était les blessures des deux gardiens de l’équipe première, à l’époque (Huc et Pademas). Fabien jouait en DH. Il les a remplacés. Il n’a pas raté cette ouverture… Et c’est parti pour une carrière. Le foot, c’est également une question de chance ». Même destin pour Vincent Candela, l’ancien international français. « Je l’ai côtoyé à Toulouse. Il a, lui aussi, remplacé un titulaire en équipe première. Chance saisie. C’était mérité pour lui et Barthez… ». Et pas que ! Laurent Faudry croisa le chemin d’Elie Baup (entraîneur jeunes). « Une bonne personne… », estime-t-il. Il y avait également Roland Courbis, Victor Zwunka ou encore Olivier Frapolli et Vikash Dhorasoo.

Cadet, junior, équipe de France jeunes, D2 et…D1

De Joué-lès-Tours au Toulouse FC, en cadets, Laurent Faudry s’est rapidement émancipé. Premiers pas en équipe de France U17. Avant de se retrouver en sélection juniors (U19). « Quels souvenirs ! », dit-il. Des souvenirs, Faudry en a plein la tête. « Buteur contre l’Italie lors d’un tournoi mondial… », note-t-il. Viendra, ensuite, l’équipe réserve toulousaine en CFA… Le jeune milieu de terrain a été aperçu en D1 et en D2, une vingtaine de matches au total. « Pas mal pour un petit jeune… », sourit-il. Découverte du monde professionnel. Laurent Faudry est aux anges. « J’ai été préparé, ficelé pour faire une carrière professionnelle. Tout allait bien. J’avançais vite… ». Mais ça, c’était avant… la chute.

« Alain Giresse a stoppé ma carrière pro… »

Le TFC, en D2, visait une montée rapide en D1. Pendant ce temps-là, Laurent Faudry essuie sa première déconvenue. « J’ai été opéré trois fois de la cheville… ». Alain Giresse, à peiné installé à la barre technique de la formation toulousaine, prend une décision radicale. « Il a envoyé Jean-Luc Ruty (son adjoint) pour me dire qu’il ne comptait pas sur moi. Il fallait des mecs opérationnels… Prêts. J’étais blessé, en convalescence… ». Et de renchérir : « Giresse voulait des joueurs chevronnés. Les jeunes, ça ne l’intéressait pas. Toulouse voulait mettre de l’argent sur des joueurs de renoms. On était cinq à être dans la même situation que moi (jeunes ou blessés). On ne coûtait pourtant au club que l’équivalent de 5.000 euros par mois. On te prévoit un avenir énorme… Puis, boum ! Terminé ! Tout ça parce que Alain Giresse en a décidé ainsi. Tu tombes de haut. De très haut. Le rêve brisé, quoi ! ». Toulouse met fin à son contrat. « J’ai vécu deux vies à Toulouse. Une vie en rose puis un cauchemar…», appuie Laurent Faudry.

« Un footballeur pro, c’est comme une viande… Une date de péremption »

« À 15 ans, je gagnais presque 2.000 francs par mois. J’aidais, même, mes parents (commerçants). Puis, j’ai eu des voitures… De l’argent, des vêtements de luxe… Je pouvais faire ce que je voulais. J’ai eu même de sérieux contacts de la Juventus (Italie). Mon destin a voulu que je reste à Toulouse. Mais finalement ma blessure et les choix de Giresse m’ont expédié en enfer. J’en ai voulu à cet entraîneur. Mon regret, c’était de l’avoir rencontré. Franchement ! Après, avec le temps, on tourne la page mais on n’oublie pas. J’ai appris qu’un footballeur pro est comme la viande. Il y a une date de péremption. On te jette quand ce n’est plus bon… Mais les clubs te font comprendre autre chose. Moi, Toulouse m’a dit que j’étais fragile physiquement… Ma blessure, pourtant, je n’y étais pour rien ».

Blagnac, Joué-lès-Tours…

« Je n’ai pas vécu pendant quatre ans. De 15 à 19 ans, c’était football, football, football. Oui, j’ai mal pris mon départ de Toulouse. J’ai passé des nuits blanches. Je ne comprenais pas… Une injustice… ». Mais Laurent Faudry allait bientôt relever la tête. « Si c’était à refaire, je recommencerai… Il n’y avait pas que du négatif avec Toulouse. Enormément d’émotions. Si on peut parler d’échec, c’est indépendant de ma volonté. Mais, si c’était à recommencer, je le ferai. Et c’est pour cette raison que je voulais rebondir ailleurs… ». Il atterrit à Blagnac (CFA). Aventure terminée au bout de… six mois. « Le club ne pouvait plus me payer. Mais les dirigeants étaient correctes avec moi ». Retour aux sources, à Joué-lès-Tours (CFA). Trois saisons. Avant un départ dans le Gâtinais. À Amilly, précisément.

« Fabien Croze m’a fait venir à Amilly… »

Un entraîneur fut à l’origine de l’arrivée, dans le Gâtinais, de Laurent Faudry : Fabien Croze, l’ancien coach des J3 Amilly. « Je l’avais repéré par l’intermédiaire de certaines connaissances. J’ai eu des échos positifs sur lui… », appuie Fabien Croze. Et d’ajouter : « Il était intéressant sur le plan sportif et humain. Il avait une très bonne qualité de passe. Sa venue à Amilly (DH) s’inscrivait, également, dans le cadre de sa reconversion professionnelle… Il fallait qu’il s’y habitue. Jusque-là, le football était son gagne-pain… Et il a su trouver un job (NDLR : dans un organisme HLM)…. Je garde de Laurent (Faudry) une image d’un très bon footballeur. Un homme sympa… », estime Fabien Croze, l’actuel technicien du Montluçon Football (N3).

« À Montargis, on avait une équipe de bulldozers… »

Parti d’Amilly, au bout de trois années, Faudry prend la route de Montargis. « Grâce à Joël Dubois (l’ancien entraîneur) et Frank Supplisson (l’ancien adjoint aux sports à Montargis) », précise l’homme de 47 ans. L’USMM, formation évoluant, pendant ce temps-là, en D1 départementale, va bientôt connaître une brillante ascension. « On a enchaîné les montées… Quatre au total. Quel parcours ! », raconte Laurent Faudry. « Je jouais à l’aise, parce que devant (milieu et attaque), j’avais des bulldozers. On avait une équipe monstrueuse. »



Et à Montargis, il y avait aussi de l’ambiance et de l’amitié : « Au-delà du sportif, nous étions potes. Les primes de matches ? On les dépensait à la buvette. Pour le club. On pensait davantage au club. Rien d’autre… ». Quatre années à Montargis. « Quel mec, quel joueur ! », jure Taner Kara, son ancien coéquipier. La carrière de Laurent Faudry s’arrête à l’âge de 34 ans. S’ensuivront trois piges d’entraîneur respectivement chez les U19 à l’USMM et la réserve seniors ainsi qu’un court passage à Beaune-la-Rolande. Avant un arrêt définitif. « Si c’était à refaire ? Je m’occuperai davantage de moi. J’ai eu des difficultés… J’ai eu des moments magiques. C’est la vie… ». Laurent Faudry vit désormais à La Fer (Aisne). À plus de 300 kilomètres du Gâtinais. « Je n’ai jamais oublié Montargis et Amilly… Impossible », conclut-t-il. Sacrée histoire !


SOUVENIRS, SOUVENIRS…

La phrase. Lors d’un match de Coupe de la ligue opposant Toulouse du gardien Fabien Barthez, titulaire, ce jour-là, face à Ancenis, à Nantes, un journal national commenta : « Un autre joueur est sorti de la classe biberon. Par son physique, Laurent Faudry, blond comme les blés, rappelle le joueur allemand du Bayern, l’international Effenberg... Ce Faudry, outre « sa belle gueule », a des qualités certaines de footballeur. À revoir, lui aussi, dans un autre contexte, avec bien plus de pros sur le terrain ! ».

Coup d’arrêt. « Le dernier match que j’ai vu intégralement à la télé remonte à France – Brésil (98). Je suis un peu dégoûté de ce monde professionnel… L’argent a pourri ce milieu ».

Cyrille Thoreau (ex-capitaine USMM) : « On jouait ensemble en défense. On s’entendait bien. On a vécu la remontée du club (D1, PL, PH, DHR, DH). Sur le terrain, Laurent impressionnait. C’était tellement facile pour lui. Il était capable de te faire une transversale sur 40 mètres. Il avait une facilité technique déconcertante, une justesse, une simplicité dans son personnage. L’humilité…Il ne se prenait pas au sérieux ».

Patrice Rémond (ex défenseur USMM). : « Laurent est une personne attachante. Comme joueur, il avait une sacrée aisance technique. C’était une vraie garantie sur le terrain… ».

Damien Lubac (son ancien coéquipier aux J3) : « J’ai joué une saison avec lui, à Amilly. Techniquement, c’était largement au-dessus. On ne voyait pas ça avant… Laurent était de bons conseils pour les jeunes. J’avais 19 ans. Il nous aidait à progresser… ».

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