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"La Gâtinaise", la poule ancestrale de nos campagnes


Je ne l’imaginais pas, mais une poule peut avoir une langue bien pendue. C’est le cas de « La Gâtinaise » que j’ai rencontrée la première fois un dimanche de juillet à la foire aux bestiaux de Sainte-Geneviève-des-Bois. Elle était dans sa cage et elle s’est mise à caqueter bruyamment lorsque j’ai tenté de la prendre en photo. Depuis nous nous sommes revus et nous sommes suffisamment en confiance pour qu’elle m’accorde cette interview exclusive…

On vous appelle « La Gâtinaise » et certains éleveurs disent de vous que « vous êtes bien balancée »… C’est un compliment ?

« Oui, bien sûr ! Ils disent aussi que mon corps est bien développé, long et large, le port légèrement relevé, que le cou est long, légèrement arqué, que j’ai le dos long, large, légèrement incliné, que mes épaules sont larges, carrées et légèrement saillantes, que je porte les ailes hautes, bien serrées au corps, et que mes cuisses sont fortes et bien dégagées. Bref, j’en entends de toutes les couleurs à chaque concours mais j’ai l’habitude…

On dit aussi de vous que vous êtes une bonne pondeuse…

Tout à fait exact ! Je fais du 170 oeufs/an au compteur et comme je suis d’un plumage blanc je résiste mieux à la chaleur du soleil et je ne m’arrête pas de pondre en été ! Le blanc c’est salissant à l’usage, mais ça a des avantages pour une poule.

Quelles sont vos origines ?

Très anciennes. Nos éleveurs racontent que nous sommes d’origine gauloise, tout comme notre cousine « La Bourbonnaise ». Une légende raconte que notre race avait été élevée pour parer aux famines qui suivirent le passage des Huns au Vème siècle. Honnêtement je ne suis pas sûr… Mais ce qui est certain c’est qu’au début du XXème siècle nous étions les stars dans les poulaillers du « Grand Gâtinais », aux confins de la Seine et Marne, de l’Yonne et du Loiret. Dès 1906 on se pressait pour nous voir dans les foires agricoles… Mais c’est ensuite que tout a mal tourné !

Comment ça ?

Les races de poules asiatiques ont commencé à déferler sur notre territoire et on s’est rendu compte que nous n’étions plus rentables pour les éleveurs. Dans les années 40 on a bien failli disparaître… Heureusement, dans les années 80 des amateurs de poules ont créé des clubs avicoles. Ça nous a sauvé puisqu’on est encore là ! Mais nous avons le triomphe très modeste : selon les éleveurs qui prennent soin de nous, nous ne serions, en ce moment, qu’un millier de poules gâtinaises dans le monde, et pour tout dire nous vivons pratiquement toutes dans notre Gâtinais ancestral !

Votre plus grand regret ?

Que la Poste française ait choisi de faire une collection de timbres sur les coqs de France et non pas sur les poules ! Je trouve ça… scandaleux ! Mais bon, si la Poste veut se rattraper, je veux bien poser pour la postérité !

(Propos recueillis par Jean-Paul Billault, avec la complicité de nombreux éleveurs qui connaissent le langage des poules et leurs secrets…)

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