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EN DIRECT, DE LA FOURCHE À LA FOURCHETTE

Dernière mise à jour : 16 févr. 2021


C’est un couple qui a un principe : être toujours dans l’action en conservant une ligne directrice qui ne dévie jamais. Et on peut compter sur eux pour mettre au point des protocoles pour décider ou faire des choix. Un exemple : pour trouver une surface permettant l’installation de leurs serres et commencer une exploitation en agriculture biologique, ils ont discuté avec plusieurs mairies et évalué méthodiquement ce que les communes voulaient bien leur proposer pour faciliter leur installation. Guillaume et Hyacinthe ont ensuite « noté » . C’est finalement la commune de Châlette-sur-Loing qui a « gagné » en leur faisant une proposition très intéressante : utiliser près de 4 hectares de prairie, des terrains non-utilisés dans le prolongement du centre aéré de la ville.

Gros avantages : la terre n’est pas cultivée depuis très longtemps et va donc permettre de passer en agriculture bio très rapidement ; c’est une terre noire, limoneuse, donc riche, très propice à la culture maraîchère ; le site est en zone urbaine, très accessible, et va donc permettre de reconnecter facilement les habitants de la ville aux « plaisirs de la cueillette », le principe de commercialisation des légumes de l’exploitation.

Mais il ya aussi un (gros) inconvénient : le terrain est en zone inondable. Guillaume et Hyacinthe ont décidé de faire avec… la nature, comme toujours. Ils ont ainsi adapté l’implantation de leurs serres en fonction du flux de l’eau. En cas d’inondation l’eau traversera leur terrain… en traversant leurs serres sans les percuter. Une partie de leur récolte sera peut être détruite, mais pas le matériel d’exploitation.

Aujourd’hui les jeunes maraîchers louent à la commune les terrains. Pour se lancer, leur budget d’investissement sur 5 ans est de 276000 euros, dont 180000 euros pour la première année d’installation. Le 7 juin les habitants de Châlette-sur-Loing et de Montargis pourront venir « en voisin » pour découvrir ce site de cueillette imposant. Sur la saison pas moins de 65 variétés de légumes ou de fruit seront proposés à la vente.

UN COUPLE « QUI DÉMÉNAGE »

C’est dans un immense hangar désaffecté prêté par la ville de Châlette que les maraîchers se sont lancés dans un méticuleux travail de menuisier et de charpentier. L’Objectif, la construction d’une roulotte de vente permettant de stocker les produits secs et d’accueillir les clients quand il fait beau, tout en ayant la possibilité d’évacuer rapidement les lieux en cas d’inondation sur l’exploitation. Le terrain étant en effet inconstructible, il fallait trouver une solution pratique et pas trop onéreuse. À quelques jours de l’inauguration le temps presse et toute la famille vient prêter main forte. Des chantiers participatifs ont été organisés ces derniers mois, et des bénévoles mobilisés via les réseaux sociaux ont participé à la construction des serres. « Un jour, raconte Guillaume en rigolant, on avait précisé que ça allait être lourd, et on s’attendait à voir arriver des « gros bras », et pour je ne sais quelle raison il n’y avait que des femmes au rendez-vous. Elles étaient peut-être plus motivées… ». Le 5 juin une petite fête est organisée pour les amis et les 70 contributeurs qui se sont rassemblés sur le site de financement participatif Mimosa au début de l’aventure. La cagnotte a atteint la somme de 7000 euros, permettant d’acheter le petit tracteur nécessaire à l’exploitation. Parmi les contributeurs, l’un d’entre eux sera tiré au sort et gagnera son poids en fruits et légumes. Un « gros lot » qu’il pourra revenir retirer au fil de l’année, au fil des saisons.

CULTURE BIO

Pour Hyacinthe et Guillaume cultiver bio est une évidence. Les critères de recherche de terres nécessaires à leur exploitation étaient simples : des terres convertissables immédiatement car non cultivées depuis longtemps, donc exemptes de résidus de produits phytosanitaires.

C’est ses diverses expériences professionnelles qui ont fait prendre conscience à Guillaume que « quelque chose ne tournait pas rond ». « J’ai vu des pratiques limites… » Il n’en dit pas plus mais un bref instant son sourire pourtant si présent disparaît un court instant. Mais au delà des modes de culture agricole, Hyacinthe et Guillaume ont aussi d’autres préoccupations. Ils s’interrogent également sur la sincérité de certains discours dans le monde du travail. Pour Guillaume, l’absence de cohérence entre les paroles et les actes est devenu peu à peu insupportable : « j’ai travaillé dans des sociétés où le discours vis à vis du client c’était la tendance bio branchée et le soit disant bien être des employés du magasin, un mélange marketing qui m’a vite écœuré quand j’ai constaté que ce n’était pas la réalité que je vivais ».

Depuis quelques mois le projet murement réfléchi du jeune couple est en phase d’aboutissement. Les premières plantations ont été réalisés il y a plusieurs semaines pour que les premiers fruits et légumes soient au rendez-vous de l’inauguration, le 7 juin. Entre temps Guillaume a été sollicité pour semer ou planter des espèces qu’il n’avait pas prévu. Des personnes peut-être nostalgiques lui on ainsi demandé de leur préparer des jardinières de… coquelicots. Une autre, d’origine africaine, lui a suggéré de planter du gombo, un légume à la fois savoureux et réputé pour ses bienfaits pour la santé. Guillaume est un curieux, il n’a pas dit non, et d’ici quelques mois on pourra trouver du gombo sur son exploitation.

En attendant, si Guillaume et Hyacinthe ne ménage pas leurs efforts et leur temps de travail pour réaliser leur rêve, il le font en prenant grand soin de leurs employés et partenaires qui ont la particularité de squatter leur serres, pour les défendre d’intrus dévastateurs. Dans une serre ce sont les larves d’aphidoletes qui adorent dévorer les pucerons ravageurs qui font le travail, même si on ne les voit pas. Dans la serre où fleurissent les plants de tomate, c’est plus évident. Les 80 bourdons pollinisateurs qui ont été installés dans la serre par Guillaume ne sont pas du genre discret. Sans eux, pas de pollinisation dans la serre et donc pas de tomate dans les prochaines semaines. Guillaume peut être rassuré : l’escadrille au grand complet est au travail !

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